L’histoire
L’origine de Galluis remonte à l’époque gallo-romaine. Le lieu dit “Galluys” était connu dès le VIIIe siècle sous le nom de “Cuculosa” et formait au XIe siècle une des quatre paroisses de la prévôté de Méré en la Châtellerie de Saint-Léger-en-Yvelines. Plus tard, au bas Moyen-Age, Galluis porta le nom de Warluis ou Warelis, war équivalant étymologiquement à Gal, Warluis devint Galluis après être passé par Gasluys et Gasluis. (…) D’après la carte de Jallot, géographe ordinaire du Roi, “Les Yvelines en 1690″, Galluis ou plutôt Galluy se trouvait en extrême bordure de la région de l’Yveline. L’Yveline était une antique forêt dénommée ainsi par les Gaulois et signifiait “abondante en eau”. Le nom est resté pour désigner la forêt de Rambouillet dont primitivement l’ensemble couvrait deux fois plus de terrain que de nos jours. (…) En 1123, Nivard de Septeuil avait confirmé solennellement à Saint-Léger le don des dimes de Galluis, Bussé, Autouillet fait par son père Eudes au prieuré de Saint-Laurent-deMontfort. Au XIIe siècle, le domaine royal qui avait son chef-lieu à Saint-Léger s’étendait ainsi à une quinzaine de paroisses dont celle de “Gasluis”. (…)
Le territoire de Galluis avait, au Moyen-Age, un aspect différent de celui d’aujourd’hui. Si les reliefs étaient sensiblement les mêmes, il est certain que le sol était plus boisé, plus creusé de mares et d’étangs ; c’est ainsi qu’au Luatel, un étang a disparu. (…) Aucune des maisons qui étaient groupées dans l’entourage proche de l’église n’a subsisté. (…)
L’abondance de la meulière et du grès faisait de ces roches les matériaux usuels de construction maçonnés souvent avec de la terre. La vigne et l’avoine étaient les deux cultures principales et, encore au XVIIIe siècle, il y avait à Galluis plus de vignerons que de cultivateurs. Le lin et le chanvre étaient récoltés dans les “terres a filasse” qui étaient fort nombreuses sur le terroir de Galluis. Les poules les chapons et les procs étaient fréquemment mentionnés dans les redevances anciennes. Le bail du Luatel du 29 juillet 1488, par exemple, prescrivait au fermier de réédifier un moulin à blé ou à tan aux lieu et place où autrefois il y en avait un. Le voisinage des bois de chênes et de châtaigniers facilitait cette industrie de la préparation du tan. Ces essences d’arbres dominent encore dans la région et c’est pour la même raison que, plus tard, s’est développée dans le village la tonnellerie. Au XIVe siècle, l’existence de Galluis devait être assez précaire pour la raison que la Guerre de Cent Ans avait ruiné toutes les régions autour de Paris. (…)
Quant au chiffre de la population à cette époque, on n’a pu relever que dix-sept noms sur la censive de l’abbaye de Neauphle en 1354 pour Galluis, mais il faudrait avoir, en outre, celles du Luatel, du fief Mignon et de nombreux autres petits fiefs du terroir pour obtenir un chiffre total. (…) On retrouve encore les traces de l’aspect que présentait le village de Galluis au cours des XVIIe et XVIII siècles : maisons, creux logis presque tous couverts de chaume, rues tortueuses, constructions plantées au gré des propriétaires sans grand souci de l’alignement ou de la voirie, mais ce qui frappe surtout dans la propriété rurale de cette localité c’est son extrême morcellement. Prenons par exemple, le fief du Bois Nivert : la partie située en dehors du parc du Lieutel avait, vers la fin du XVIIIe siècle, un superficie de 70 arpents ; ils sont divisés aujourd’hui en 96 parcelles. (…)
En 1938, un remembrement s’est attaché à regrouper les parcelles éparpillées et par trop petites, mais l’amélioration apportée par cette opération n’a pas été totale. Aujourd’hui, la physionomie générale du village a fort peu changé et il serait facile de faire une confrontation avec le cadastre actuel ; elle permettrait d’identifier la majorité des pièces de terre. Cette extrême division tient surtout à la culture de la vigne qui se pratiquait autrefois à Galluis. Certains terroirs passaient pour produire un vin de qualité ; dans tous les cas, les vignes étaient considérées comme un bien précieux. Lors de chaque succession, les enfants se partageaient les vignobles par tête et c’est ainsi qu’on voit de nos jours des pièces de terre ayant à peine un mètre cinquante de largeur sur cent à cent cinquante mètres de longueur. (…)
En 1770, le territoire de la commune de Galluis (et son annexe La Queue) comportait sur 1.127 arpents de terres labourables : 65 de vignes, 72 de prés, 14 de bois, 60 de jardins et chennevrières et 500 de terres incultes sur un total de 1.838 arpents ; plus du quart du terroir n’était pas cultivé. (…) A cette époque, la paroisse de Galluis et son annexe fut portée comme possédant 1473 feux avec 30 maisons occupées par leurs propriétaires, 92 maisons louées, plus 5 auberges en location. La population se répartissait en 2 vignerons, 4 cabaretiers, 1 bourgeois, 1 menuisier, 1 tonnelier, 2 maréchaux-ferrants, 1 charron, 5 aubergistes, 1 maçon, 1 boulanger et 108 journaliers. Cette répartition par états de la population ne semble pas concorder avec celle constatée en 1789. Le document signale que la paroisse a été grêlée le 27 mai 1769. (…)
Le cheptel était relativement important à Galluis, la grande majorité des habitants possédant au moins une vache ; il en était encore de même à une époque récente où on en comptait plus de cent têtes. (…)
Il ressort qu’à Galluis les rues portaient fréquemment les noms des familles qui les habitaient : la rue aux Vannier désigne actuellement non pas des professionnels de la vannerie, mais la rue où résidaient des membres de la famille si nombreuse des Vannier. Cette rue a porté également le nom de rue aux Maquerelles ou aux Maquereaux, en raison du fait qui a pu être vérifié sur les censives de 1354 que les nommés Guille Maquerel, Jehan Maquerel et Pierre Maquerel y avaient leurs terres, celles de la Haye-Gouin et de la Buchaille. Ces noms voisinaient avec ceux de Guillin Estace, de Muret et de Pelletier. (…)
Sous Louis XIV et pendant tous le cours du XVIIIe siècle, Versailles fut un centre administratif considérable. La Cour comptait d’innombrables emplois et la ville du Grand Roi était, en quelque sorte, saturée de nobles fonctionnaires qui cherchaient à proximité de leur chef-lieu des séjours de plaisance. C’est ainsi que tous les villages situés aux environs de Versailles comprenaient des “gens de place” parmi leurs habitants. Galluis, situé presqu’au bord de la route de Bretagne et, par conséquent, de Versailles, n’échappait pas à la règle. Les registres de paroisse qui ont relaté les baptêmes, les mariages et les inhumations de personnes de qualité nous fixent sur ce point et, à titre d’exemple, nous consignerons ici, en date du 17 avril 1696, le mariage du Chevalier de Près de la Queue avec une Demoiselle Louise de Maison Blanche qu’on a prétendu $être la fille de Louis XIV et d’une Dame Le Rayer de très modeste noblesse, attachée à la Maison de la Reine. (…)
Nous nous sommes a peu près rendu compte de ce que pouvait être la vie autrefois à Galluis. Celle pratiquée aujourd’hui a-t-elle encore quelque analogie avec elle ?
Le château de Galluis, tout comme celui du Lieutel existent toujours ; on peut en dire autant des “Ormes”, assez vieille demeure qui dresse ses lignes de castel derrière des murs et une grille imposante ; mais, en ce qui concerne “La Hédraie”, d’architecture plus moderne, la propriétaire y a fait apporter de nombreuses transformations intérieures. Le village donne de plus en plus souvent asile à des Parisiens qui, à l’image des hauts courtisans de la Cour de Versailles en quête d’un séjour estival agréable et reposant, se rendent acquéreurs de tout ce qui devient libre. Le nombre des fermes est grand: la ferme du “Grand Jardin”, dont l’histoire s’identifie avec celle du village au cours des siècles, (…) celle de M. André Vallée, (…), celle de la Minotière, de M. Hoppenot, de M. Fortier, ainsi que la ferme du Lochon qui depuis 1808 a abrité cinq générations successives (…) ; les fermes Remant, Faroux, Chartier, etc… Enfin, il y a la masse des maisons, toujours concentriquement groupées autour de l’église, qui constitue le gros du village lui-même, occupées par une population sédentaire constituée de travailleurs besogneux, tranquilles et sympathiques. Aucune industrie n’est venue jusqu’ici assombrir de ses fumées l’atmosphère calme et pure de ce village et le commerce lui-même reste réduit (…). La proximité de la forêt de Rambouillet contribue à faire de ce coin champêtre un lieu de plaisance recherché. Nous risquerions d’être incomplets si nous ne disions quelques mots des “Ormes” puisque le nom d’un de ses propriétaires a été donné à la rue du Bois, l’actuelle rue Labarraque. Ce castel, est aujourd’hui propriété de la famille Danis. (…) Encastrée dans un recoin du mur de clôture de ce castel, sur la rue Labarraque, existe encore aujourd’hui une fontaine dite “Fontaine Saint-Martin”, qui fut donnée à la commune en 1674 par M. de Saint-Martin, président à Mortier. Elle débite une eau appréciée par les habitant et son niveau reste sensiblement constant. Enfin, en dehors du village, au sommet d’une colline isolée qui se dresse au nord-est de la commune, dans les bois du Lieutel, sur un plateau situé à 183 mètres d’altitude, point culminant du pays, tournaient jadis les ailes d’un moulin à vent dont il ne subsiste plus aujourd’hui que des ruines. Ces ruines comprennent encore la tour ronde avec sa porte cintrée, ses petites fenêtres et la charpente arrondie de son toit. Un premier étage effondré était desservi par une échelle de meunier. Il reste cependant une curieuse cheminée : sa hotte est faite avec une longue dalle plate, inclinée sur deux gros moellons sortant du mur comme des consoles de construction rudimentaire mais solide. De ces ruines, on a vue sur les vallées environnantes, les villages de Galluis, La Queue-lez-Yvelines, Grosrouvre avec leurs écarts et leurs routes et les coteaux boisés de la Table, du Fouilleux, les collines de Boissy-sans-Avoir et d’Autouillet.
Photo de l'église de Galluis en 2014 ©Lionel ALLORGE
L’EGLISE
Il existait à Galluis, au Moyen Age, un manse, véritable petit domaine, celui de l’église. Placée sous le vocable de Saint-Martin, cette église, dont une partie semble remonter au XIIe siècle, se présente comme un monument fort simple, sur plan rectangulaire, fermé vers l’ouest par une abside demi-circulaire et flanqué de quelques contreforts. Près du portail, au sud, s’élève un clocher sur plan carré avec toit à bâtière. L’église n’offre plus l’aspect qu’elle présentait jadis, le cimetière qui l’entourait ayant disparu. Il y avait également une chapelle où étaient inhumés les gens de distinction dont on ne peut que conjecturer l’emplacement. (…) Ce qui est certain c’est que cette église a été remaniée plusieurs fois et que sa construction n’est pas homogène. Si l’abside est solidement maçonnée à la chaux, d’autres parties sont bâties avec de la terre. Elle a été agrandie à une époque relativement voisine de la nôtre dans toute la partie comprise entre le clocher et le porche actuel ; deux petites annexes de construction postérieure à l’édifice flanquent son côté sud, l’un sert de sacristie, l’autre de chapelle pour les fonts baptismaux. On ne relève sur ce monument aucun travail d’art quelconque, aucune moulure, aucun ornement architectural. La matière de la construction, du reste, ne s’y prêtant guère ; les murs sont en meulière brute, ni plus, ni moins que les vieilles maisons du village. Les contreforts seuls sont en meulière taillée, plusieurs avec retraite et talus à la partie supérieure. Les baies de la nef et de l’abside sont en plein cintre, mais elles ont été refaites et, par conséquent, n’établissent rien ; du reste, celles de l’abside paraissent occuper leur place primitive, tandis que, dans la nef, plusieurs ont été bouchées et d’autres ouvertes à un autre endroit. Le clocher est accolé au mur sud de la nef, près du porche, sans communication avec l’extérieur. Il se compose de quatre parties juxtaposées par retraits successifs, surmontées d’un bandeau et couvertes d’un toit à bâtière avec deux baies jumelles, gainées d’abat-sons sur chaque face. Une demi-tourelle, coiffée par une calotte, est encastrée à la base de la tour, côté ouest, et renferme l’escalier. Plusieurs particularités semblent préciser un type roman très primitif d’église rurale. Il est bien probable, en effet, qu’au cours des remaniements, les réparateurs ne se sont pas mis en frais d’imagination, conservant aux baies, sinon leurs dimensions, du moins leurs formes primitives. Les contreforts avec retraites et talus étaient employés au XIIe siècle. Le clocher, de base carrée, en tronçons juxtaposés en retraite, est aussi de cette époque. (…) La cloche qui subsiste remonte au XVIIe siècle et son inscription porte le nom de Jacques de Mansel, chevalier, seigneur de Saint-Léger-en-Artois, guidon de la compagnie de Monseigneur le Comte de Soissons et est datée de 1608. (…) Quel a été le fondateur et le patron de l’église de Age ? On ne peut y répondre qu’après s’être rappelé que l’abbaye de Saint-Magloire possédait le domaine du Luatel (…). Nous avons cependant la preuve que l’abbé de Saint-Magloire était patron et présentateur de l’église de Age. (…) La maison presbytérale de la fin XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle était une dépendance de l’ancien presbytère, sa construction ne remontant guère avant la fin du XVIIIe. La porte d’entrée était à deux battants, ornés de panneaux en relief, en chêne plein avec de belles ferrures ; l’escalier qui dessert le premier étage également ; mais il ne reste que deux cheminées de pierre sur trois de cette époque, celle du rez-de-chaussée a malheureusement été remplacée par une de marbre et a disparu. Cet ancien presbytère a appartenu au XVIIIe siècle, aux curés Evette et Bonnenfant, et leurs héritiers l’ont vendu à la commune. (…)
L’ECOLE
L’acte de fondation de l’école de Age remonte à 1667. (…) Une fondation ayant des points de contact avec la fabrique, celle d’une école dans le village a été l’œuvre de Louis Barbotteau, Conseiller du Roi, Contrôleur de la Trésorerie de la Maison du Roi, demeurant à paris, rue des Fossés-Saint-Germain. (…) Une seule nomination officielle de maître d’école figure dans les pièces relatives à la fondation, elle date du 2 décembre 1747 et a été retrouvée parmi les archives du château de Age. A partir de 1772, les pièces comptables retrouvées donnent aux « anciennes petites écoles » de Age la dénomination Age de Charité des Pauvres de la Paroisse de Age, dénomination qu’elle perd en 1780 pour reprendre celle de « Petites Ecoles de la Paroisse de Age ». Dès le 12 mai 1792, le maître d’école Doulé, successeur des nommés Pascal et Rabaudry, fait suivre sa signature de sa qualité et il ne reste plus rien alors de la fondation Barbotteau. (…)
L’ABBAYE DE SAINT-MAGLOIRE ET LE LIEUTEL
D’illustres érudits fixent à l’année 965 la date à laquelle fut fondé le Monastère de Saint-Magloire à Paris. C’est, en tout cas, l’Etablissement le plus ancien, d’après ce que l’on sait, et il doit remonter à 950 environ. (…) En bref, les origines de sa fondation seraient les suivantes : à la suite d’une invasion de Normands en Bretagne, au cours du Xe siècle, l’évêque d’Aleth, Salvator se réfugie au Monastère de Léhon où reposait le corps de Saint-Magloire, l’un des apôtres de la contrée et second recteur du Monastère de Dol. Déjà, un grand nombre de prêtres bretons avaient choisi cet endroit comme lieu de refuge ; mais, bientôt l’asile ne leur paraissant pas assez sûr, ils quittent tous la Bretagne sous la conduite de l’évêque Salvator et de Junan, abbé de Léhon, chargés des reliques de Saint-Magloire, de saint Malo et de beaucoup d’autres saints. Ils se joignent au clergé de diverses régions. Puis effrayés par de nouveaux ravages des Normands, ils viennent à Paris où ils sont accueillis par le duc Hugues Capet. Celui-ci place les reliques apportées de Bretagne dans l’église Saint-Barthélémy et érige quelques temps après cette collégiale en abbaye sous le nom de Saint-Magloire et Saint-Barthélémy. (…)
En l’absence de textes précis, il y a lieu de penser que l’établissement de l’abbaye de Saint-Magloire à Age a pu se faire en l’an 1000 et l’an 1100, époque à laquelle les Religieux complétèrent leur monastère. L’abbaye de Saint-Magloire à Age est sise au Luatel (Age). (…)
Ce qui est bien établi est que le fief du Age dépendait de Saint-Magloire, du ressort de la prévôté de Paris. En 1336, Jean de Bretagne, comte de Montfort, se trouva en procès avec les abbés et Religieux du Couvent de Saint-Magloire, pour la propriété de la haute, moyenne et basse justice sur le moulin et la grange du Age ; mais le comte se désista pour que lesdits Religieux puissent jouir et user des lieux sans empêchements et que tout ce que lui et ses prédécesseurs avaient pu faire de contraire soit réputé nul et tenu de nulle valeur. (…)
Au début du XVIIe siècle, la Seigneurie du Age appartenait toujours à l’abbaye de Saint-Magloire qui afferme ce domaine le 2 juin 1609 à Guillaume Thorel. (…) En 1650, le fief, la ferme et le moulin du Age sont cédés à Guillaume Robichon par Mgr J. F. de Gondy, archevêque de Paris. Robichon obtient de Mgr Jacques de Leslot, évêque de Chartres, de construire en 1651 une chapelle dans le lieu seigneurial du Age dans une place plus convenable et plus décente que celle où cy-devant il y en avait une et d’y faire célébrer la sainte messe par le curé ou vicaire de la paroisse de Age et hors de l’heure de la messe paroissiale. (…) Le châtelain du Age était le personnage important de Age : il recevait les honneurs du pain bénit et de l’eau bénite lorsqu’il assistait à la messe paroissiale lors des fêtes solennelles. Le château du Age a été entièrement reconstruit. Il ne reste plus rien du passé que la tour décoiffée du moulin de la Masse perdue dans les ronciers.